Plateforme logistique LIDL à Baziège : une ICPE ( Installation Classée Protection de l’Environnement) qui ne respecte pas la loi.
Historique de la zone du Visenc :
– avant 1999 : les silos installés à proximité du Visenc sont classés Seveso. En 2017 Arterris, la société exploitant les silos déclare réduire les quantités d’engrais stockées sur place et le classement “Seveso Risque bas” est levé.
– 1999 : construction d’un premier entrepôt Lidl de 25 000 m2 représentant 6 hectares de terres bétonnées. Il sera abandonné en 2017 parce que jugé trop petit. Aujourd’hui, de nouvelles entreprises logistiques sont installées sur ce site (XPO, installé en 2021, etc.) mais un panneau « À louer » est toujours présent devant cet entrepôt.
– Dans les années qui suivent, le Sicoval achète progressivement des terres agricoles à côté du premier entrepôt Lidl. En 2016 le Sicoval est propriétaire de 26 hectares de terres agricoles. Ces terres classées « agricoles » deviennent alors « constructibles », et le Sicoval les revend à la société Lidl. Seul un agriculteur a refusé de vendre.
– 2016 : sans que les habitants de la commune ne soient informés, ils voient disparaître une colline ( 500 000 m3 de déblais et de remblais seront déplacés) puis sortir petit à petit de terre une monstrueuse plateforme logistique. Ce sera la deuxième plus grande de France.
Les travaux de construction de la plateforme Lidl vont durer un an. Les dégâts collatéraux sont : démolition de la maison « Le Pigné », dont les habitants sont expropriés et relogés ; le pin qui lui avait donné son nom est abattu, ainsi que des chênes centenaires ; une source est enfouie ; des ruines historiques, lieu de signature d’un accord de paix lors de la Guerre des Albigeois, disparaissent. Pourtant, lors de l’enquête publique ce lieu devait être conservé… et quid de la voie romaine ?
Au bout d’une année de travaux, 11,5 hectares seront bétonnés et un entrepôt de 55 000m² aura émergé, au sommet d’un remblai de 18 mètres de hauteur. La plateforme se trouve actuellement à 9 mètres au-dessus du niveau de la nationale. La maison la plus proches se retrouve au bord d’un à-pic de 17m, juste au dessus de l’entrepôt.
La presse locale parle d’« un chantier de titans » (La Dépêche du 16 août 2017). Ce sont 6 hectares d’entrepôts, 8 hectares de parking, une zone de roulement qui dessert 150 quais et… 6 hectares appelés « espaces verts », qui sont en réalité constellés de déchets plastique, et sur lesquels paissent des moutons. Les arbrisseaux plantés dans le cadre de la compensation sont minuscules. Certains sont morts la première année, avant même d’avoir poussé. Arbustes, moutons et panneaux photovoltaïques ont été utilisés sans vergogne par l’entreprise pour se prétendre « moderne et écologique ».
Intégration au paysage et créations d’emplois ?
– Novembre 2018 : le site d’architecture et d’urbanisme Kansei.tv décrit la plateforme Lidl comme « un site respectueux de l’environnement » : « fin 2018, Lidl inaugure l’une de ses plus grandes plateformes logistiques en France, ainsi que sa nouvelle direction Régionale Occitanie à Baziège. D’une superficie totale de 56000 m2 dont un entrepôt de 25000 m2, des bureaux administratifs et des locaux techniques, elle remplace la plateforme existante devenue trop petite. Sa particularité : « être écologique et moderne ». [les chiffres erronés sont ceux donnés par les journalistes !]
– Novembre 2022 : la presse locale annonce que Lidl « fait vivre 300 familles dans le Lauragais ». La voix du midi – 3 juin 2022. Dans le même temps, la page Wikipedia de l’entreprise note (et c’est le deuxième paragraphe!) “le groupe Lidl est connu pour ses prix bas, mais est régulièrement décrié au sujet de ses mauvaises conditions de travail en Allemagne comme en France“. Par ailleurs le nombre d’employé.e.s venant de Baziège n’a sans doute jamais excédé quelques dizaines.
Quel impact environnemental ?
Depuis l’inauguration de cette plateforme en novembre 2017 les riverains subissent des nuisances environnementales :
– Pollution sonore. Le bruit est permanent, nuit et jour. Les moteurs des camions en attente de déchargement tournent pendant des heures. Les camions se déplacent de façon incessante, les coups de klaxon font partie du quotidien ainsi que les chutes de haillons (bruits métalliques) et les bips de recul. Les deux TAR (Tour Aéro Réfrigérantes) vrombissent 24h sur 24, dimanche compris. Et dans ce brouhaha, les salariés de la plateforme sont obligés de crier pour se faire entendre de leurs collègues.
– Pollution de l’air, inévitable et pourtant jamais mesurée de façon officielle. Nuit et jour, ce sont plus de 200 camions qui circulent sur les six kilomètres de routes entre la zone du Visenc et le péage de Montgiscard.
– Pollution visuelle et lumineuse : au-delà du fait que cette monstrueuse plateforme défigure le paysage, l’intensité de l’éclairage des quais et des parkings pendant toute la nuit chasse la faune nocturne et perturbe les riverains.
Le bilan carbone de cette plateforme n’a bien sûr jamais été fait. Mais on peut reprendre des éléments du bilan carbone réalisé par Jürgen Knödlseder pour la zac du Rivel: en estimant que 200 poids lourds transitent par la plateforme chaque jour, on peut estimer les émissions à 7000 tonnes de CO2/an. Manquent bien sûr les émissions causées par les déplacement des employés, et celles de toute l’énergie consommée par le bâtiment lui-même.
– Et aussi… la construction de deux ronds-points (un déjà réalisé et un autre à venir) par le conseil départemental au bénéfice de cette plateforme privée. Des camions qui se perdent dans les chemins, dans le village, arrachent des toitures, ravinent les routes. Des papiers et des plastiques jonchent les bords du Lidl et s’envolent les jours de vent d’Autan dans le ruisseau du Visenc, dans les arbres, dans les jardins des riverains…
Le collectif des riverains « L’îloperroquet »
– 2016 : enquête publique. Les membres du collectif racontent : « nous nous rendons en Mairie aux heures publiques pour l’enquête, une réunion se tient dont on nous refuse l’entrée. Nous attendons, puis découvrons le plan d’aménagement. Et ô surprise, nous découvrons que nous n’avons plus d’accès à notre maison ! Le chemin a tout bonnement disparu… Gêne manifeste de l’enquêteur public auquel ce « détail » avait échappé. La Mairie ré-ouvre le chemin communal qui passait plus haut, entre les champs. Nous voilà obligés de traverser le lieu-dit En Delord » .
– Mise en fonctionnement de la plateforme : toute la partie « chaîne du froid » (la plus bruyante) est installée face aux habitations, alors qu’elle aurait pu être tournée vers la voie ferrée. Auraient-ils oublié de réfléchir à l’intégration de cette plateforme dans un environnement déjà existant ?
– Octobre 2017 : premier mail de réclamation (mairie, Lidl…). Suivi par des dizaines et des dizaines d’autres mails, des réunions, des courriers. Des études acoustiques (six !) réalisées par Lidl confirment à chaque fois le dépassement des seuils sonores tolérés. Lidl propose des solutions qu’il qualifie lui-même d’« irréalisables », tel qu’un merlon de 22m de haut sur toute la longueur du bâtiment (400 mètres).
– 2020 : réunion de conciliation. Nous nous retrouvons avec les représentants de Lidl devant un conciliateur de justice. Les nombreuses réunions, étalées sur plus d’un an, se solderont par un échec de conciliation en mai 2022.
– 27 mai 2020 : première plainte déposée à la DREAL 31 (Direction Régionale de L’Environnement de l’Aménagement et du Logement).
– Mai 2020 : promesse par le patron de la plateforme Lidl du « dernier été bruyant ». Proposition du directeur de la plateforme Lidl : « je sais que vous allez refuser, mais on pourrait construire un mur antibruit dans votre jardin ». En effet, on refuse….
– 21 décembre 2020 : premier Arrêté Préfectoral de mise en demeure qui impose à la société Lidl de respecter les prescriptions suivantes sous 3 mois à compter de la notification :
- Article 3 de l’arrêté ministériel du 23 janvier 1997
- Articles 6.2.1 « Valeurs limites d’émergence » et 6.2.3 « Surveillance par l’exploitant des émissions sonores » de l’arrêté préfectoral du 16 janvier 2O17
– 19 Avril 2022 : 2ème Arrêté Préfectoral de mise en demeure. La société Lidl est mise en demeure une deuxième fois par la DREAL. Lidl a sept mois pour se conformer aux prescriptions de l’arrêté du 23 janvier 1997 relatif aux bruits émis par les ICPE.
– Avril 2022 : rendez-vous des riverains avec Mr Meric, président du Conseil Départemental. Il nous annonce la construction d’un deuxième rond-point à venir pour le Lidl. Ils travaillent à des panneaux qui éviteraient que les camions se perdent sur nos chemins et dans nos villages.
– Juin 2022 : un portique est enfin installé à l’entrée du chemin, coté Mauremont. Les routes pour parvenir chez nous sont encore à ce jour dévastées. La plateforme effectue des travaux avec l’aval de la DREAL : « Notre croissance actuelle nous a obligés à agrandir la base logistique. On a investi quasiment 10 millions d’euros pour absorber le volume nécessaire à nos besoins. On a démarré les travaux en décembre 2020 pour les finir en décembre 2021 ». Mais qu’en est-il des sommes engagées pour respecter l’Arrêté Préfectoral et les mises en demeures ?
– Août 2022 : création du collectif « Non à la Zac du Rivel ». Nous les rejoignons : comment croire à une « zone écologique à énergie positive » ?
– 13 décembre 2022 : nous sommes présents au Conseil Municipal de Baziège pour interpeller les élues et leur distribuer une lettre. Ils disent qu’ils ne sont pas au courant. Depuis, c’est le silence…
– 12 juillet 2023 : Arrêté Préfectoral complémentaire de la DREAL
– 21 décembre 2023 : 3ème Arrêté Préfectoral de la DREAL de mise en demeure de la société Lidl.
– 8 février 2024 : la troisième mise en demeure devait être effective au 1er Février 2024. Lidl n’a strictement rien fait. Le bruit envahit toujours nuit et jour notre coin de campagne. Nous déposons à nouveau une plainte à la DREAL. D’autres riverains portent plainte à leur tour.
À ce jour, la pollution de la plateforme Lidl est à l’origine d’un écocide que personne n’est en capacité d’arrêter.
Les rapports d’inspections et les mises en demeures sont consultables en ligne sur Géorisque :
https://www.georisques.gouv.fr/risques/installations/donnees/details/0006811802
Collectif L’Iloperroquet – Contact : contact@liloperroquet.eu
Diaporama de présentation :
https://nonzacdurivel.eu/wp-content/uploads/2024/02/diapos-liloperroquet.pdf