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Lettre ouverte – Décembre 2022

Lettre ouverte du collectif « Non à la ZAC du Rivel »

Nous citoyen.ne.s organisé.e.s en collectif « Non à la Zac du Rivel » avons adressé un courrier aux 69 élu.e.s communautaires du Sicoval avant leur réunion du lundi 5 décembre ; un point à l’ordre du jour concernait l’acquisition de terrains situés dans le périmètre de la ZAC du Rivel jusqu’alors détenus par l’Établissement Public Foncier.

Nous avons exprimé dans ce courrier notre opposition au projet et demandons purement et simplement son abandon. Au moment même où la COP 15 travaille à la construction d’un cadre mondial audacieux en matière de biodiversité, nous alertons sur le bilan écologique de ce projet : on sait aujourd’hui l’importance de limiter l’artificialisation des sols pour préserver la biodiversité, on sait désormais que la souveraineté alimentaire est un sujet politique contemporain ; et pourtant la ZAC du Rivel consommera 110 hectares de terres agricoles et en artificialisera 80. Dans les dix prochaines années, la moitié des agriculteurs français va partir à la retraite, et c’est près d’un quart du territoire français qui va changer de mains. Nous sommes donc très préoccupés par l’avenir du foncier agricole : toutes ces terres qui vont être remises sur le marché risquent fort d’être considérées par les aménageurs comme autant d’incitation à bétonner. Les échanges entre élus du Sicoval durant le conseil du 5 décembre dernier ne nous ont pas vraiment rassurés à ce sujet.

Ce projet de ZAC soi-disant verte fait par ailleurs l’impasse sur un point crucial en terme d’aménagement et d’environnement : les transports. Le ver était en fait dans le fruit, puisque le projet de ZAC du Rivel est né d’une convention signée entre le Sicoval et la société autoroutière ASF, qui a construit l’échangeur de Montgiscard. Il est cohérent, tristement cohérent, que le Sicoval mise sur le tout camion et le tout voiture, comme l’a déjà fait remarquer l’Autorité Environnementale. Il est par ailleurs assez facile de montrer que ce choix grève lourdement le bilan carbone du projet, malgré la communication optimiste du Sicoval à ce sujet : selon les prévisions du Sicoval, les déplacements des employés de la ZAC devraient représenter 30000 kilomètres par jour ; on peut estimer que sur une année ce trafic émettra trois fois plus de gaz à effet de serre que si on cultivait du blé sur les 110 hectares de la zone et qu’il faudrait par contre plus de 110 hectares de forêts pour compenser ces émissions.

Les riverains du Rivel craignent d’ailleurs les nuisances associées à cette ZAC, qui s’ajouteraient à celles occasionnées par les 55000 mètres carrés d’entrepôts de la plateforme logistique Lidl, implantée au sud de Baziège. Nous avons rappelé aux élus qu’un procès est actuellement en cours contre cette plateforme, pour non-respect des normes en matière de pollution sonore et lumineuse.

L’argument principal du Sicoval pour poursuivre ce projet est qu’il devrait créer 3000 emplois et rééquilibrer le développement économique entre le nord et le sud du territoire. Mais rien ne démontre à ce jour que l’opération sera aussi bénéfique : l’économie, mondiale et locale, traverse de fortes perturbations, et bien malin qui peut prédire ce que sera le marché de l’emploi au terme des 10 à 15 ans de chantier de la ZAC. Rien ne démontre non plus que les habitants de Baziège et de Montgiscard seront les bénéficiaires privilégiés de ces emplois. Et surtout pourquoi ne pas plutôt créer de l’emploi dans des zones déjà « aménagées » (les 282 hectares de la ZAC de Labège, par exemple) et investir une part des 55 millions d’euros prévus pour la ZAC dans l’amélioration des transports en commun, pour que les habitants du sud-Sicoval ne dépendent plus de leur voiture pour aller travailler ?

Mais Jacques Oberti, le président du Sicoval, n’en démord pas : ce projet est, affirme-t-il, nécessaire et écologique. Mr Oberti va même jusqu’à soutenir que les entreprises préservent la biodiversité là où l’agriculture la détruit. Alors oui, le système agro-industriel construit dans les années 1950 a sa part de responsabilité dans les catastrophes écologiques en cours. Mais plutôt que de transformer en coupables idéaux les agriculteurs qui ont hérité de ce système, plutôt que d’exproprier le dernier qui travaille les terres du Rivel (et conteste son expropriation devant la justice), le Sicoval pourrait consacrer une part des 55 millions d’euros du projet de ZAC du Rivel à aider ces agriculteurs du Lauragais à changer leur système de production, à l’adapter au changement climatique et à réduire son impact sur la biodiversité.

Le Sicoval ne peut pas prétendre mettre en place un Plan Climat Air Énergie Territorial et en même temps continuer à tout miser sur la voiture. Le Sicoval ne peut pas non plus prétendre développer un Projet Alimentaire Territorial et en même temps continuer à bétonner les terres agricoles. Les exercices de communication ne suffisent plus : notre communauté de communes doit se montrer à la hauteur des enjeux de ce siècle.

Les élus ayant déjà manifesté leur opposition au projet ont saisi l’occasion de ce conseil pour interpeler à nouveau leurs collègues, et six d’entre eux, de toutes tendances politiques, ont voté contre la proposition de session de terrains au Sicoval. Le débat est loin d’être clos et l’opposition au projet de la ZAC du Rivel enfle et se structure.